Témoignage d’une maman d’un ado cyclothymique de 14 ans.

Suite au diagnostic, il y a 3 ans 1/2, mon fils (11ans à l’époque) entama une TCC. Mais il était en crise, si bien qu’il fini au bout de quelques mois, par tout envoyer ballader.

Les crises étaient fréquentes et malgré mes lectures, je ne m’en sortais pas. Je vivais en angoisse permanente :
– Peur de l’avenir de mon fils
– Stress pendant les crises
– Stress que cela ne recommence
– Incapacité à me relaxer entre deux, et ce de plus en plus.
Tant et si bien que j’en étais arrivée à ne plus le supporter, à ne plus vouloir son retour de vacances. Il partait un mois et demi l’été et 3 semaines avant la rentrée je commencais à stresser.
J’avais l’impression de vivre l’équivalent du film « Un jour sans fin », avec cette journée qui recommence, qui recommence, et malgré toutes mes tactiques différentes pour essayer de calmer mon fils, cela recommençait inéxorablement.

C’était comme si on vous avait maintenu la main sur une plaque brulante, et qu’on vous forçait à intervalle régulier à reposer cette main dessus.
J’avais l’impression de vivre une véritable torture chinoise.

Je sentais bien qu’une partie des crises étaient dues à mon stress, que je devais lacher prise, mais j’en étais incapable et ce malgré ma volonté de le faire! Ca faisait 1 ans 1/2 depuis le diagnostic et le constat d’echec était terrible. A bout, je décidais de suivre une TCC chez la psy de mon fils.

Mes objectifs étaient :
– Apprendre à lacher prise et déstresser
– Apprendre la TCC pour la redistiller dans mon éducation.

Pour moi, choisir sa psy m’offrait un gage d’équilibre, elle aurait plusieurs sons de cloche du problème, elle connaissait mon fils et serait à même d’être objective pour me donner les conseils personnalisés à notre situation.

Dès les premières scéances, est apparu que je transposais les crises que j’avais vécu auparavant avec son père sur mon fils.
J’avais une peur panique que sa bipolarité le mène à une hospitalisation pour crise maniaque si l’on arrivait pas à enrayer ses humeurs.
Je me disais que dans l’état il serait incapable de travailler et fonder une famille.

Le déclic tenait en 2 phrases qui m’ont été salutaires :
– « Vous avez vécu un traumatisme. »
– « Il faut apprendre à votre cerveau traumatisé qui sur-réagit à ne pas faire d’amalgame. »

Ca m’a sauvé la vie!

En 2 scéances cette psy m’a permis de reprendre pied, de faire le deuil et de commencer à envisager l’avenir, tout cyclo qu’il soit, de manière plus sereine et constructive. Je respirais à nouveau!
J’y allais une fois par mois. Entre temps je me démenais pour faire avancer ma reflexion en lisant, en testant ce que je pouvais. Je voulais que la TCC soit efficace et que de cette heure mensuelle soit la plus utile possible.

Le deuxième travail important et qui là encore n’a pas pris beaucoup de temps, a été la gestion des crises.
Elle me demanda de noter les évènements pendant, avant et après la crise, de manière précise : faits, ressentis, paroles…
Autant dire qu’en quelques jours j’avais matière à remplir mon carnet!

Je m’apperçue très vite qu’une crise suivait toujours le même enchaînement!
Chaque fois, mon fils était up, venait me harceller, en me demandant des choses en raffale et peu réalistes. Cela me mettait sous pression, et j’étais incapable de réfléchir, je me faisais déborder, et je finissais par dire non, par me braquer. J’essayais de cloturer la conversation ce qui le mettait en rogne! Il m’insultait, je le grondais pour insulte, le punissais et cela finissait à la limite d’en venir aux mains. Il partait furax taper sur tout dans sa chambre… Puis pleurait à chaudes larmes de tant d’incompréhension de ma part.

J’appris donc à repérer les déclancheurs et à faire, direct, une pause pour calmer mon cerveau. Respirer, pour revenir dans la conversation avec une voix calme et ferme, ce qui est le pré-requis indispensable! Au bout de quelques crises, il faut toujours s’entraîner comme un sportif, j’arrivais à cloturer sans drame une conversation pour la reporter ultérieurement.

On avait éliminé 50%, puis 60% des crises! Vous qui connaissez et vivez le phénomène, vous comprenez aisément ce que cela représente en confort de vie! Actuellement, je dois dire que nous sommes arrivé à 95%! Les crises qui restent ne sont imputables qu’à l’humeur vraiment trop vive.
Elle me donnait les bons outils : comme la communication empathique, comme savoir mettre les mots sur les ressentis de mon fils qui du coup se sentait compris et soutenu…
Petit à petit j’ai regagné sa confiance.

Des lors c’était simple de pouvoir enfin, de nouveau éduquer mon fils! Je savais comment être calme, comment être patiente, et comment peu à peu l’encourager à ce qu’il maîtrise la pression qui monte… Il a trouvé ses trucs à lui… Chacun est revenu à sa place, lui d’enfant, moi de mère.

En 1 an, cette psy et la TCC m’a redonné ma place de mère!

Evidement, je ne suis pas sans cesse la super maman-psy, parfois, j’ai pas du tout envie d’utiliser les outils… C’est aussi un apprentissage de mon fils, il ne croisera que rarement des gens rompus aux TCC… Mais quand j’en ai besoin, mes outils sont là, efficaces. Ca vous conforte, c’est très serein de vivre en sachant que vous avez les solutions au cas ou…

Franchement, j’encourage tous les parents d’enfants cyclothymiques à investir dans une TCC et particulièrement si la psy est spécialisée dans la cyclothymie! Pour moi il y a l’avant sombre, dur, à en devenir dingue et l’après, une vie normale, un peu particulière, mais normale, avec des rapports normaux parent/enfant !

Amélie

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