Témoignage d’une maman cyclothymique dont la fille de 11 ans a une cyclothymie naissante
qui forcie depuis 2 ans, s’ajoute un début de phobie : La peur de montrer son corps
Une histoire pas à pas, toujours la même :
Voilà, je regarde ma fille de 11 ans et je vois ce que j’ai vécu ou dû vivre. Il y a deux ans, nous avons identifié chez elle un tempérament cyclothymique.
Elle a commencé à suivre une thérapie pour apprendre à gérer ses émotions. Il y a quelques mois, la situation s’est dégradée, la vie était infernale à la maison, au collège, cela ne valait guère mieux. Ce fut presque brusque. Le diagnostic de trouble cyclothymique est tombé, une marche de plus.
Pauvre enfant, moi, sa maman cyclothymique, je ne savais même plus comment l’aider et pourtant je savais ce qu’elle vivait, je savais que derrière le mur qu’elle opposait à mes gestes elle entendait mais rien n’y fit, la situation se dégrada encore et on en arriva aux médicaments.
Mal acceptés, puis acceptés et maintenant, elle n’en veut plus tout en reconnaissant que la vie est plus cool avec.
La cyclo, ses avantages et les médocs contre les inconvénients et pas de médocs, çà elle a compris mais elle n’en veut plus.
Enfin, cool, mais pas si cool que çà, à l’instant, elle est en face de moi, elle écrit, elle aussi. Non, pas une histoire de romancière comme elle fait si souvent, c’est son nouveau carnet aux émotions qu’elle étrenne. Pourquoi un carnet aux émotions ?
Parce que la situation s’est encore dégradée. Oh que je me sens coupable…
Ma fille que je ne sais plus aider, vit les prémices de ce qui pourrait devenir un TOC ou une phobie corporelle.
Non, ça je ne connais pas. Moi, j’ai eu des TOC en quantité, mais pas ça. Ce n’est pas drôle ce truc-là, c’est voyant en plus.
Elle qui est déjà si timide en rajoute pour se faire remarquer.
Elle refuse de découvrir son corps, nous sommes en juillet, il fait plus de 30°C mais elle aborde sereinement un tee-shirt à manches longues, un pantalon long et … un gilet en laine. J’ai tout de même réussi à lui faire abandonner sa polaire. Si, si !
Ce matin, rendez-vous avec le psychiatre.
Elle a obtenu l’arrêt des médicaments en échange d’une courbe d’humeur et des engagements sur son attitude.
J’ai très peur mais il faut lui faire confiance, le médecin le fait.
Et je suis tellement lessivée et les médocs et les dents que l’abandon de cette usante surveillance sera le salaire de la peur.
Cependant je vais vivre avec mon chargement de nitroglycérine sans pouvoir décider de la vitesse de mon camion.
A la fin du rendez-vous j’étais inquiète (terrorisée ?) : début de TOC plus pas de médocs… Ouah ! L’été sera chaud !
Et en plus, le médecin me reçoit dans la foulée pour moi, me trouve trop proche d’une vraie hypomanie. Il faut que je calme le jeu mais comme j’avoue que cela sera dur, paf ! Changement de traitement temporaire. Et oui, cela fait une semaine que j’aurais du le faire (j’ai les consignes, je peux faire) mais pas envie, trop besoin de cette énergie pour travailler en ce moment, plus que 15 jours à tenir et ma vie professionnelle reprendra son cours naturel. Mais non, ce n’est pas un raisonnement cela ! Non, j’ai vu, j’ai su mais refusé de faire alors c’est le médecin qui l’a dit : peux pas descendre seule alors aide chimique. Maintenant, je dois être tellement haut que ce n’est même pas la même chose que les consignes que j’ai eues. Je suis trop idiote mais c’est tellement plaisant de travailler après 7 ans d’arrêt…Tellement drôle !
Derrière ma fille enchaîne avec la psychothérapeute qui confirme le besoin de lutter contre cette gêne qui fait que ma fille se sent mal dans son corps sans pouvoir la nommer. C’est ma fille qui lui en a parlé d’elle-même, je suis très fière d’elle.
Le principe est le même que pour le traitement des TOC (alors je retrouve des repères ?) : provocation !
Donc achat d’une mini-jupe mais pas d’un short. Elles n’ont pas voulu me dire pourquoi, les deux miss, mais pas de shorts.
Rappeler de lutter contre la reine gêne mais pas interdire, pas prendre le vêtement.
Le bilan de tout ça, mise à part que je suis morte de trouille et de culpabilité ce soir ?
Bien qu’étant la mieux placée pour comprendre et expliquer, la maman cyclothymique d’un enfant cyclothymique est tout aussi incapable que les autres de lutter contre la dégringolade.
Certes, peut-être vois-je plus vite mais agir vraiment, en suis-je seulement capable ?
Pour agir, il faut que l’enfant soit dans une phase d’écoute et que la maman y soit aussi, mais cela arrive si rarement chez nous que le lien est difficile à établir sur ce sujet. Peut-être a-t-elle peur de me ressembler plus tard même si nous lui expliquons tous que ce que l’on fait en ce moment permettra de lui éviter cela.
Reste que nos humeurs sont rarement en phase, le papa dit que ma fille inverse systématiquement la mienne.
Ce n’est pas faux mais plus si vrai depuis que mon humeur haute dure, heureusement !
A quand le guide des mamans cyclos d’enfant cyclos ? Que dire de la culpabilité ? Des bouffées d’angoisse face aux crises ? De la peur qui vous noue le ventre à chaque signe plus important que les autres ?
Que dire de la peur d’aggraver les choses en intervenant parce que l’on connait trop bien l’avenir de l’enfant si rien n’est fait ?
Se revoir, savoir, mais comment arrêter cette boucle ? Faut-il que je sacrifie ma bonne humeur et que j’anesthésie ma vie pour qu’elle aille mieux pour toute sa vie à elle ? Et qu’en serait-il de sa culpabilité lorsqu’adulte, elle se rendra compte de ce sacrifice ?
Comme à chaque marche, je suis désemparée, j’avais les larmes aux yeux dans le bureau du psy, il doit en avoir pris l’habitude…
Je l’aime tellement ma fille, je veux tellement pas qu’elle soit comme moi…
Enfin, le côté soleil, je le lui souhaite !
Sweetdy