La bipolarité ça débute quand ?

🔴 Rappels utiles sur ce que nous dit la science : 

➡️Les études rétrospectives ont mis en évidence que 20 à 40% des adultes bipolaires font remonter le début de leurs troubles à la période de leur enfance.

➡️Les études prospectives, s’intéressant au devenir d’enfants prépubères ayant présenté un épisode dépressif caractérisé, ont montré qu’il s’agissait dans un tiers des cas, de l’épisode initial d’un trouble bipolaire, dont le premier accès (hypo)maniaque apparaîtra en général dans les quatre années suivantes.

➡️étude de Baldessarini de 2012 :

Portant sur 1665 adultes avec un trouble bipolaire de type 1. Il est retrouvé un âge de début de 5% dans l’enfance (<12 ans), 28% dans l’adolescence (12-18 ans) et 53% avec un pic entre 15 et 25 ans.

Dans les formes juvéniles (<12 ans) versus l’adolescence, il est retrouvé plus de récurrence (nombre d’épisodes par an), plus de comorbidité psychiatrique, davantage d’antécédents familiaux de trouble bipolaire.

Cette étude confirme les liens entre antécédents familiaux de trouble bipolaire et mauvais fonctionnement avec un âge de début précoce de bipolarité (pendant l’enfance).

➡️ La méta-analyse de Van Meyer de 2019 retient les chiffres de 0,6% pour la bipolarité de type 1 et de 3,9% pour l’ensemble du spectre bipolaire chez les enfants et les adolescents. 

➡️ La bipolarité chez l’enfant et l’adolescent n’est pas une maladie rare. En effet selon Orphanet, une maladie est dite rare si elle ne touche pas plus d’une personne sur 2000 dans la population européenne soit 0,05% des européens. On est donc loin des chiffres cités plus haut. 

➡️Une autre méta-analyse de Marco Solmi et al. en date de 2022 portant sur l’âge de début des troubles psychiatriques a aussi retrouvé que dans 31% des cas de trouble bipolaire, les premiers symptômes francs se manifesteraient dès l’enfance ou l’adolescence. Pourtant, dans cette même étude, seuls 2,7% des patients avaient un diagnostic de trouble bipolaire posé avant 18 ans.

L’évolution ne doit JAMAIS être un prétexte au refus de soins et au diagnostic ! 

N'oublions pas que l'annonce du diagnostic médical est une obligation déontologique.

 

Il faut quoi de plus pour que les pédopsychiatres se réveillent et arrêtent de dire comme on l’a entendu plusieurs fois encore cette semaine « la bipolarité ? c’est une maladie de l’adulte, il n’a pas 18 ans, on ne peut rien faire » ou bien encore devant un jeune avec des idées suicidaires +++ : « tant qu’il n’y a pas de passage à l’acte on ne peut rien faire »…

Arrêtez de nous rebattre les oreilles avec l’évolution et de l’opposer au diagnostic. Le suicide a souvent lieu bien avant la révélation du diagnostic ! 
L’évolution est utile pour mieux comprendre les symptômes de la bipolarité chez l’enfant. En effet du fait de l’immaturité du cerveau, les symptômes sont différents par rapport aux adultes. 
Et bien sûr, du fait de la perspective développementale, rien n’est définitif chez l’enfant et le diagnostic devra être réévalué jusqu’à l’âge adulte. 

Mais l’évolution de doit JAMAIS être un prétexte au refus de soins et au diagnostic ! N’oublions pas que l’annonce du diagnostic médical est une obligation déontologique. Elle a par ailleurs l’intérêt pour l’enfant et sa famille de permettre une meilleure reconnaissance des symptômes du trouble et une meilleure compréhension des traitements qui seront proposés dans un second temps. De plus ces informations permettront de favoriser l’observance et l’alliance thérapeutique.

Sous couvert d’évolution, deux autres affirmations sont souvent retrouvées chez les professionnels de santé qui refusent de poser un diagnostic de bipolarité chez l’enfant : 

– L’absence de diagnostic n’empêche pas de traiter les symptômes.

Cette réponse n’est pas acceptable car cela signifie qu’on ne va traiter que les symptômes.  
Le risque sera alors d’exposer l’enfant à un cocktail de médicaments (un par symptôme) avec des médicaments non adaptés voire dangereux selon l’origine de ces symptômes.
Car oui ces enfants sont tellement dysfonctionnels qu’ils seront inévitablement exposés à une médication.
Quant à la prise en charge psychologique, une psychoéducation ciblée sera toujours plus efficace que des conseils généraux. 

– Il ne faut pas « enfermer » l’enfant dans un diagnostic, lui coller une étiquette.

Cette réponse n’est pas une réponse médicale et est fondée sur les préjugées. Le diagnostic ne doit jamais être considéré comme une étiquette, il permet de comprendre et d’avoir des solutions grâce à une prise en charge adaptée. 
C’est en éludant un diagnostic médical qu’il devient stigmatisant.
À l’inverse c’est en informant, communiquant, éduquant qu’on changera la perception et la représentation du diagnostic de bipolarité par le grand public. Ce qui est toujours discriminant c’est une différence qui ne dit pas son nom.
Dans la balance bénéfices/risques, il vaut mieux être victime de fausses idées sur la bipolarité que d’une mort réelle. 
Parmi nos familles, le discours est pourtant unanime : le diagnostic leur a permis de retrouver la liberté.
Et quoi qu’il arrive, si l’évolution n’est pas favorable, il faut réévaluer et cela avec ou sans diagnostic ! 

La psychiatrie sauve des vies, on aimerait aussi que ce soit le cas pour la pédopsychiatrie ! 

[Et merci à tous les pédopsychiatres, psychiatres et professeurs (de plus en plus nombreux) qui nous soutiennent 🙏]

Merci à Pauline pour ce témoignage important paru dans le Monde du 09/02/2025 avec pour titre « Quand j’ai appris ma bipolarité, j’ai pleuré de joie de savoir enfin ce qui m’arrivait » et qui nous a inspiré cet article. 
À la lecture du titre de cet article une autre réflexion nous vient alors :
est-ce au médecin de choisir de poser un diagnostic ou au patient de choisir s’il veut l’entendre ?  

A l’heure où on parle de plus en plus du patient-acteur, il s’agit plus que jamais d’une question d’actualité.
Et si après le patriarcat il était temps de sortir du paternalisme médical ?

Extraits : 

« La première fois qu’un professionnel de santé émet l’hypothèse d’un trouble bipolaire me concernant, j’ai 26 ans et cela fait des années que je vis avec des phases extrêmes de l’humeur. Les difficultés remontent à loin, depuis toute gamine. Ma mère m’a toujours dit que, quand je descendais l’escalier le matin, elle se demandait quelle Pauline elle aurait face à elle, que je pouvais avoir un côté « ange ou démon ». Je garde peu de souvenirs de petite, mais je sais que j’avais du mal avec la gestion de ma colère, et que je dormais très peu. Au collège et au lycée, c’était difficile. Je n’avais pas de mots à l’époque, mais avec le recul je me dis que je traversais déjà des épisodes hypomaniaques (l’une des phases ascendantes du trouble de l’humeur), durant lesquelles je me mettais en danger. J’ai commencé à fumer de la drogue dès la 3e, ce qui générait des crises intenses de paranoïa et de peur de la mort. Je faisais souvent le mur dans mon village. J’ai commencé à vivre de grandes phases dépressives à partir de la 5e.
Tout était constamment un drame, sous couvert de crise d’ado pour mes
parents. J’étais beaucoup en confrontation avec les enseignants, mais à l’école, je restais une très bonne élève. Ma mère se disait que j’étais certainement HPI (Haut Potentiel Intellectue)] et que cela expliquait mes sautes d’humeur et mon rapport conflictuel aux professeurs. A l’époque, je n’avais jamais entendu parler de bipolarité et je n’aurais pu faire le lien. Mon seul contact avec la question de la santé mentale avait pris la forme de discussions avec ma demi-sœur, qui avait été diagnostiquée schizophrène, tout comme mon oncle. Ensemble, on parlait surtout de dépression, car c’était ce que je pensais vivre.

(…) Cela devient lourd pour mon entourage, car mes cycles sont alors très fréquents. Je peux me réveille certains matins complètement déprimée, puis, deux jours plus tard être en pleine phase hypomaniaque.

(…) Le poids des stéréotypes est toujours là. La bipolarité est encore très mal représentée à l’écran. Je ne me reconnais jamais dans les films ou les séries qui présentent des personnages bipolaires : moi je ne finis pas à l’hôpital tous les quatre matins, et je ne vais pas plonger dans la Seine toute nue. A un moment, je me suis même demandé si je l’étais vraiment, tellement cela ne collait pas avec les clichés. Il y a un immense travail à mener sur les représentations. »

 

Pour lire l’article du Monde dans son intégralité c’est par ici :

https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/02/09/quand-j-ai-appris-ma-bipolarite-j-ai-pleure-de-joie-de-savoir-enfin-ce-qui-m-arrivait_6538430_4401467.html 

 

TDAH, bipolarité, quels impacts sur l’espérance de vie ?

Il n’aura fallu que quelques jours suite à la publication de l’étude des chercheurs de l’Université de Cambridge (Etats-Unis) dans le « British journal of psychiatry », pour voir fleurir sur la toile de nombreux articles la relayant et publiant en gros titres le lien entre diagnostic de TDAH et durée de vie. En effet selon cette étude, le diagnostic de Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité serait associé à une réduction de l’espérance de vie de près de sept ans pour les hommes et de près de neuf ans pour les femmes.

Analysons les données de plus près. 

L’objectif de cette étude était d’estimer le nombre moyen d’années de vie perdues chez les patients avec un diagnostic de TDAH, sur la base des données de mortalité toutes causes confondues chez les adultes britanniques entre 2000 et 2019. 

Il convient donc de nuancer ces résultats ou en tout cas ne pas omettre de préciser les réserves formulées afin de les rendre plus fidèles aux conclusions de leurs auteurs eux-mêmes.

En effet, les scientifiques ont découvert que les problèmes de santé physique et mentale étaient plus fréquents chez les personnes atteintes de TDAH. Mais le résultat de l’étude étant basé sur les décès toutes causes confondues, il n’est donc pas possible à partir de ces données d’attribuer ce risque de surmortalité précoce à la seule présence d’un TDAH. Cette surmortalité peut aussi être due à d’autres maladies mentales associées ou aux problèmes de santé physique.

La seule conclusion est que les personnes atteintes de TDAH sont plus susceptibles de recevoir un diagnostic de chacun des 13 problèmes médicaux examinés (diabète, hypertension, cholestérol, cardiopathie ischémique, maladie respiratoire chronique, épilepsie, dépression, maladie mentale grave, anxiété, automutilation/suicide, autisme, déficience intellectuelle, trouble de la personnalité) et d’être confrontés dans leurs habitudes de vie à davantage de tabagisme et de consommation excessive d’alcool.

 

Les chercheurs le précisent d’ailleurs explicitement : il est peu probable que le TDAH en lui-même soit la raison de l’écart d’espérance de vie, cela serait plutôt en lien avec une série de risques associés à ce trouble comme ceux cités plus haut. 

 

De plus ils ajoutent que « le manque de services spécialisés pour l’évaluation du TDAH chez l’adulte au Royaume-Uni signifie que les adultes diagnostiqués peuvent surreprésenter ceux qui ont des problèmes de santé mentale concomitants, ce qui les a amenés à être en contact avec des spécialistes qui ont diagnostiqué leur TDAH. Cela conduirait à une classification erronée de l’exposition différentielle : l’association entre ces conditions et une espérance de vie réduite pourrait fausser les résultats et conduire à une surestimation des années de vie perdues.

Étant donné que les critères de diagnostic du TDAH étaient plus stricts au moment du recrutement pour cette étude, les participants peuvent surreprésenter ceux qui ont des besoins de soutien plus importants, par rapport aux personnes qui répondent en moyenne aux critères actuels du TDAH ». 

Les personnes avec un TDAH sévère et donc avec plus d’autres maladies mentales seraient donc surreprésentés dans cette étude.

 

Kevin McConway, professeur émérite de statistiques appliquées à l’Open University au Royaume-Uni, qui n’a pas participé à l’étude, a déclaré dans un communiqué que la recherche était « frappante » mais qu’elle « laissait de nombreuses questions importantes sans réponse » en précisant que la question la plus importante est de savoir ce que l’on peut faire à ce sujet.

Il a ajouté que cela dépendait de la question de savoir si le TDAH est à l’origine de la réduction de l’espérance de vie. Ce à quoi cette étude, aujourd’hui, ne peut pas donner de réponses. 

Les chercheurs de l’étude ont d’ailleurs conclu que parmi les solutions « outre le soutien spécifique au TDAH », on pourrait encourager « les approches visant à améliorer la sensibilisation aux problèmes de santé physique et mentale plus fréquents chez les personnes atteintes de TDAH » et « promouvoir un accès rapide à des services de soutien en santé mentale et de sevrage tabagique ». 

 

On pourrait donc avoir une lecture bien différente de cette étude en se demandant si les autres troubles psychiques sont suffisamment recherchés chez les patients ayant un TDAH et si cette négligence conduirait à une surmortalité de celui-ci d’autant plus qu’en cas de troubles bipolaires associés la médication pour le TDAH sans protection par un thymorégulateur peut entraîner un virage de l’humeur pouvant aller jusqu’au suicide !

 

Cette étude ne dit donc pas que le TDAH est un trouble qui augmente la mortalité. D’ailleurs en cas de tentatives de suicide ou d’idées suicidaires, le diagnostic devrait toujours être réévalué à la recherche d’un trouble psychiatrique associé qui pourrait mieux expliquer les difficultés rencontrées. 

 

Rappelons que cela fait même partie des critères diagnostiques du TDAH dans le DSM5 : 

« Les symptômes ne surviennent pas exclusivement au cours d’une schizophrénie ou d’un autre trouble psychotique et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (ex. trouble thymique, trouble anxieux, trouble dissociatif, trouble de la personnalité, intoxication par une substance ou sevrage d’une substance.) »

 

A l’inverse, de nombreuses études ont prouvé que la bipolarité, elle, était mortelle.

 

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les troubles bipolaires figurent au 6ème rang mondial des handicaps. Les malades présentent une espérance de vie réduite de 10 ans en moyenne par rapport à la population générale. 

La Haute Autorité de Santé souligne également que le trouble bipolaire est l’une des pathologies psychiatriques les plus graves, qui conduit à des tentatives de suicide : 1 malade sur 2 fera au moins une tentative de suicide dans sa vie et 15 % décèderont par suicide. 

 

Enfin rappelons aussi que tous les critères du TDAH sont retrouvés dans la bipolarité mais que l’inverse n’est pas vrai. 

 

Cette précision est particulièrement importante dans le monde de la pédopsychiatrie où la majorité des médecins pensent que le TDAH est un trouble de l’enfance et que la bipolarité est une maladie de l’adulte. Ainsi la bipolarité chez l’enfant est toujours envisagée en dernier en particulier quand elle s’est déjà aggravée à la fin de l’adolescence. De plus, et c’est probablement ce qu’il faut retenir de cette étude, un TND n’exclut pas un trouble psychiatrique et inversement. Le diagnostic peut donc être différenciel mais aussi multiple. 

 

Évitons les raccourcis, les interprétations erronées ou le sensationnalisme qui favorisent les erreurs de diagnostic et les mises en danger en retardant l’accès à des soins adaptés.

Les personnes concernées en seront toujours les premières victimes ! Ne l’oublions pas : l’ignorance tue.

 

Seule une véritable démarche scientifique exempte de tout biais nous permettra réellement de faire avancer la cause de la santé mentale.

Ensemble restons attentifs !

 

Pour consulter l’étude dans son intégralité :

Life expectancy and years of life lost for adults with diagnosed ADHD in the UK: matched cohort study | The British Journal of Psychiatry | Cambridge Core

https://www.cambridge.org/core/journals/the-british-journal-of-psychiatry/article/life-expectancy-and-years-of-life-lost-for-adults-with-diagnosed-adhd-in-the-uk-matched-cohort-study/30B8B109DF2BB33CC51F72FD1C953739 

 

Bipolarité juvénile, Everest de la pédopsychiatrie ?

Cet article du journal Le Monde en date du 02/10/2024 :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/10/02/sante-mentale-pourquoi-la-prescription-de-psychotropes-chez-les-jeunes-s-envole_6341710_3224.html
qui propose une excellente analyse sur la raison de la hausse de la prescription des psychotropes chez les jeunes (antidépresseurs,anxiolytiques, antipsychotiques, hypnotiques, thymorégulateurs confondus) nous a amené à  nous interroger sur la place qu’occupe la bipolarité juvénile en pédopsychiatrie.  

En effet, on constate « +60% de jeunes sont sous antidépresseurs, +38% sous antipsychotiques (prescrits pour la schizophrénie ou la bipolarité notamment) et +8% sont sous anxiolytiques ».
 
Ainsi, en 2023, 4137 jeunes de 12 à 15 ans et 4993 jeunes de 16 à 19 ans se sont vus délivrés une ordonnance de psychotropes.
 
Parmi les 5 hypothèses avancées on retrouve : 
 
➡️la dégradation de la santé mentale des jeunes en particulier depuis le Covid 
 
➡️la prise en charge trop tardive des troubles psychiques en raison d’un système de soins saturé par les besoins. L’aggravation des troubles sans prise en charge entraîne ainsi une hausse de la prescription des médicaments.
Jean-François Pujol, pédiatre précise « On ne va pas laisser un ado qui ne dort pas, qui a terriblement besoin d’apaisement, sans traitement. Ni un enfant qui lève la main sur ses camarades, sur ses parents, et qui est en souffrance comme toute sa famille, sans réponse thérapeutique. On finit parfois de guerre lasse, par donner un sédatif ou un neuroleptique, en attendant un rendez-vous dans un CMP ou chez une pédopsychiatre, qui viendra peut-être quelques semaines, quelques mois plus tard…au mieux. »
Même si, par ailleurs, il affirme qu’il s’est formé au cours de sa carrière et qu’aujourd’hui il est capable de mieux prescrire ces molécules.
 
Concernant ce point, et de part notre savoir expérienciel, nous pouvons également ajouter une méconnaissance de la bipolarité juvénile. Ainsi la bipolarité est prise en charge en fin d’adolescence ou au début de l’âge adulte quand les symptômes se sont aggravés et sont déjà devenus plus typiques en se rapprochant de ceux retrouvés chez les adultes. 
 
➡️ la question sensible de la mauvaise prescription : antidépresseurs et anxyolitques VS psychothérapie. En effet la HAS (Haute Autorité de Santé) préconise « en première intention » de privilégier les psychothérapies. 
Notons là encore que la difficulté d’accès aux soins est un frein pour beaucoup de familles : problèmes des déserts médicaux et de remboursements des séances.
 
➡️un meilleur repérage : peut-on parler d’un rattrapage du retard des diagnostics ? « Parvient-on à repérer plus précocement certains troubles ? Autrement dit, réussit-on à mieux détecter que par le passé certaines maladies mentales ? » s’interroge le journal. 
Pauline Chaste, pédopsychiatre à l’hôpital Necker-Enfants malades souligne : « Il existait un important retard de diagnostic pour le trouble bipolaire et la schizophrénie ». Et d’ajouter une autre explication à la forte hausse des antipsychotiques : « Nous prescrivons aussi ces traitements à des jeunes qui n’ont ni troubles bipolaires ni schizophrénie, mais qui peuvent être impulsifs, se mettre en danger, multiplier les tentatives de suicide, et en avoir besoin, à court terme ».
 
➡️des jeunes qui se tournent plus facilement vers les soins d’autant plus parce que le panel des symptômes pris en charge s’est élargi : dépressions mais aussi troubles anxieux, phobies scolaires, TOCs, stress post-traumatiques, …
 

Rappelons tout de même à toutes fins utiles que la même HAS indique également dans ses recommandations : 

✅ »Devant tout épisode dépressif, il est recommandé de rechercher des arguments en faveur d’un trouble bipolaire. Il est important de différencier les troubles bipolaires d’un épisode dépressif caractérisé isolé ou récurrent car le traitement et la prise en charge ne sont pas les mêmes. »

Certaines études avancent qu’un pourcentage important de personnes diagnostiquées dépressives seraient en fait bipolaires. Les erreurs de diagnostics pourraient expliquer une multiplication du nombre de psychotropes non adaptés et une augmentation de leur posologie mettant en danger la vie de nos jeunes.
 
✅ « Devant une tentative de suicide chez un adolescent ou un adulte jeune, il est nécessaire de rechercher un trouble bipolaire. »
 
✅ »Il faut donc évoquer un trouble bipolaire chez un adolescent ou un adulte jeune devant tout épisode dépressif, certaines pathologies psychiatriques (addictions, trouble des conduites,  troubles anxieux), tout passage à l’acte suicidaire. »
 

Nous aimons l’optimisme de la pédopsychiatre qui utilise l’imparfait pour parler de la bipolarité juvénile. Si seulement ! Pourtant aujourd’hui on continue d’affirmer majoritairement que la bipolarité juvénile n’existe pas. 

Pourquoi refuser de poser un diagnostic chez un jeune à qui on prescrit des thymorégulateurs « jusqu’à preuve du contraire » ? Nous insisterons toujours sur ce point : ne pas poser de diagnostic est une perte de chance pour le jeune car il entraine une mauvaise observance du traitement voire un refus de soins et prive toute la famille d’outils non médicamenteux comme une psychoéducation ciblée.

 
Voilà maintenant prés de 15 ans que nous œuvrons chaque jour pour faire connaître et reconnaitre la bipolarité juvénile ! 
Dans quelques années, on espère moins, on pourra sans doute dire, que nous avons été les pionniers dans ce domaine et que nous avons gravi notre « Everest » sans oxygène !

Dans tous les cas si nous n’avions qu’un souhait à formuler : ce serait celui de voir plein « d’  Inoxtag » prendre notre suite !

Nos BD « Faut pas prendre les cons pour des parents »

Faut pas prendre les cons pour des parents.

La lecture de la BD « Faut pas prendre les cons pour des gens » d’Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud aux éditions Fluide Glacial nous a beaucoup inspirés ! Nous y avons trouvé beaucoup de points communs dans l’absurdité des situations que nous vivons chaque jour.
Une déclinaison nous a paru intéressante pour retranscrire ce que vous nous rapportez quotidiennement…
Découvrez nos planches à partager sans modération.

(c) Textes : Kalaëtidoscope – (c) Illustrations : Rico Gripoil

On a testé pour vous : Kaizen – 1 an pour gravir l’Everest, le documentaire phénomène d’Inoxtag

Alors que les troubles psychiques sont en augmentation constante chez les jeunes, Inoxtag insuffle avec Kaizen une pulsion de vie à la nouvelle génération !

Alors que les troubles psychiques sont en augmentation constante chez les jeunes, Inoxtag insuffle une pulsion de vie à la nouvelle génération !  

On vous voit déjà venir : jamais je ne regarderai un documentaire réalisé par un youtubeur, la culture du vide ! Le vide que vous verrez ici concerne plutôt celui des pentes abruptes !

Essayez ! En plus de faire plaisir à votre cyclokid en rentrant un peu dans son univers, vous risquez d’être agréablement surpris !

On est même prêts à prendre le pari que certaines scènes vous feront sourire et échanger un regard complice avec votre ado !

Au passage on en profite pour saluer l’abnégation de ses parents pour l’avoir encouragé à réaliser son rêve qui n’était pas sans risque. 

On vous prévient il ne s’agit pas d’un documentaire sur l’Everest même si les images sont superbes mais plutôt sur le cheminement d’un jeune passionné par les réseaux sociaux et les jeux vidéo qui se lance un pari fou : celui de gravir l’Everest en 1 an en partant de 0 aussi bien sur le plan de son hygiène de vie que de sa condition physique.

Ce que nous en avons retenu : 

  • Apprendre la persévérance et le dépassement de soi à nos jeunes, une jolie preuve par l’exemple
  • Se déconnecter des écrans pour se reconnecter à soi
  • Lâcher les écrans pour sortir de chez soi, aller à la rencontre de l’autre, oser et Vivre tout simplement
  • Ce qui compte ce n’est pas la destination c’est le chemin, avancer petits pas par petits pas pour gravir les plus hauts sommets au sens propre comme au sens figuré
  • Trouver son « Everest »
  • Les plus grandes aventures se vivent toujours à plusieurs, rien ne se fait seul
  • Ne pas être le meilleur mais devenir chaque jour meilleur

On retrouve aussi d’autres thèmes en toile de fond comme le surtourisme, l’importance des sherpas, la pollution ou bien encore le danger que l’Homme représente pour la montagne.

Certes il y a quelques placements de produits, ne vous étonnez donc pas si à l’issue des 2h40 votre enfant vous réclame un pull The North Face. Mais rappelez-vous : n’avez-vous jamais eu envie d’une Rolex Submariner ou d’une Omega après un James Bond ? 

Plaignez-vous ! Pensez à ceux qui auront réclamé à leurs parents une randonnée de 8h en montagne sans escale et sans sherpa et qu’ils ne pourront bien évidemment pas refuser ! 

Plutôt qu’un film autocentré comme certains de ses détracteurs le décrivent, nous y avons vu un récit authentique (vous avez vraiment déjà essayé de parler de vos hémorroïdes, de montrer le chaos dans lequel vous vivez ou de vous filmer de près malade ou la morve au nez quand vous voulez vous mettre en avant ?).

Vous découvrirez aussi l’origine de quelques expressions utilisées régulièrement par vos enfants ce qui vous permettra de rester vivant et en perpétuelle évolution comme notre langue ! 

Alors « on est biiiiien » là ? 

Enfin, pour ceux qui s’interrogent sur le titre du documentaire, Kaizen, est la contraction de deux mots japonais qui signifient « changement positif » ou « amélioration ». 

Plus généralement, on pourrait le traduire par la notion d’« amélioration continue ».

Quoi espérer de plus pour notre monde et toutes les générations futures ?

Notre jeunesse en quête de sens et dont le mal-être est grandissant a bien besoin de figure inspirante
comme lui !

Et qui de mieux qu’un youtubeur adulé par sa génération pour faire passer un message qui reste récurrent et pourtant si conflictuel dans la plupart de nos foyers ?

En réalité il faut même avouer qu’il fait le job beaucoup mieux que nous les darons et qu’il nous donne un sacré alibi : ce n’est pas moi qui le dit c’est Inox !

Alors vraiment, nous n’aurons que deux mots : bravo et merci Inès ! 

« Kaizen » sera diffusé sur TF1 le mardi 8 octobre à 23h30.

En attendant vous pouvez le voir ou le revoir gratuitement sur Youtube juste ici >>> https://www.youtube.com/watch?v=wrFsapf0Enk

Cinéma : VICE-VERSA 2, le psynéma des émotions

Après Vice-Versa en 2015 coréalisé par Pete Docter et Ronnie Del Carmen, le deuxième opus du film réalisé cette fois par Kelsey Mann   est sorti le 19 juin dernier ! Chez Bicycle nous raffolons la façon dont Pixar et Disney réussissent le tour de force de parler de santé mentale de façon ludique et décomplexée en personnifiant nos émotions. C’est donc avec impatience que nous attendions la suite des aventures de Riley !

Appareil dentaire, petits boutons, humeur changeante, l’alarme de puberté a retenti et plus rien n’est comme avant : Riley est devenue une adolescente de 13 ans ! 

Cette fois nous suivrons Riley avec deux de ses copines à un camp de hockey sur glace où elle rêve d’être sélectionnée pour intégrer l’équipe des Fire Hawks.

La nouveauté de cet épisode, c’est qu’en plus de façonner des îles spécifiques qui correspondent à la personnalité de Riley, les souvenirs vont aussi construire des croyances qui en s’entremêlant vont donner naissance à l’estime de soi. 

Ce changement est matérialisé par l’apparition de nouvelles émotions plus sophistiquées :  Envie, Embarras, Ennui avec à leur tête Anxiété.

Ces émotions rebelles viennent perturber le quartier cérébral et finissent par s’en emparer. Elles souhaitent créer une nouvelle conscience de Riley.

Joie, Peur, Dégoût, Colère et Tristesse se trouvent alors bannies. Elles décident donc de se lancer dans une véritable quête au tréfonds de la mémoire pour retrouver et rendre à Riley son estime de soi. Sans cela elle risque en effet de ne plus jamais être elle-même et de faire de mauvais choix.

Anxiété, quant à elle, est persuadée que Riley grandi et qu’elle n’a plus besoin de ces émotions primaires qu’elle considère comme désuètes. 

Elle se sert alors de l’imagination de la jeune adolescente contre elle-même en créant des projections pour la changer allant jusqu’à déclencher une tempête  de mauvaises idées. 

Pour Anxiété et ses nouveaux acolytes peu importe s’ils la poussent à être le contraire de tout ce qu’elle est, aujourd’hui l’important est ce qu’elle doit devenir.

C’est ainsi que la nouvelle Riley devient prête à tout pour gagner quitte à trahir ses meilleures amies. 

Riley ne contrôle plus rien et finit par faire une attaque de panique. Est-ce Anxiété qui lui met beaucoup trop la pression ou est-ce normal de ressentir moins de joie quand on grandit ? 

Joie et ses comparses se servent finalement d’une avalanches de mauvais souvenirs pour rejoindre le quartier cérébral non sans s’inquiéter des conséquence qu’ils pourraient avoir sur le bien-être de Riley. 

Joie est persuadée qu’Anxiété ne peut pas être la seule à prédire l’avenir. En réalité, Anxiété essayait seulement de protéger Riley mais Joie va finir par lui faire entendre raison car ce ne sont pas à ses émotions de décider qui est Riley mais bien à elle seule.  

Ce film expose un message clair : chaque émotion est légitime à condition qu’elles ne prennent pas trop de place ! Ainsi, notre personnalité est constituée de nos expériences et de nos émotions, positives, comme négatives. Chaque facette de Riley fait ce qu’elle est et c’est pour cela qu’on l’aime avec ses défauts et ses merveilleuses qualités.

Cette bataille d’émotions bouillonnantes permettra certainement aux parents de mieux comprendre ce qui se passe dans la tête de leurs cycloteenagers X 10 et donnera aussi des outils aux enfants et aux adolescents pour mieux identifier et contrôler leurs émotions. 

Ce film permet d’aborder des thèmes très sérieux comme l’estime de soi, les émotions exacerbées ou refoulées, la mémoire, le système de croyances ou bien encore l’imaginaire.

On a aussi adoré les clins d’oeil des personnages de la chambre forte des secrets avec notamment Banana-outils qui n’est pas sans nous rappeler la célèbre Dora l’exploratrice.

Le seul reproche s’il fallait en faire un serait le fait que toute l’intrigue se concentre sur un seul événement : le stage de hockey sur glace.  

Vous l’aurez compris déception n’a pas fait partie de nos émotions alors profitez des vacances pour faire le plein d’émotions en famille avec ce très bon film d’animation ! 

Et qui sait, le passage furtif de Nostalgie nous laisse espérer que nous pourrions bien continuer à regarder grandir Riley dans de prochains épisodes !

PS : Ne manquez pas la scène post-générique pour connaître le secret le plus sombre de Riley !

Cinéma : La vie de ma mère – Notre avis

Troisième film français sur la bipolarité en 3 ans après « Les Intranquilles » et « Le livre des solutions », je n’étais pas tout à fait tranquille quand la sortie de « La vie de la mère » a été annoncée, me demandant si on allait enfin trouver des solutions pour parler des troubles bipolaires et non plus de la seule psychose maniaco-dépressive qui a disparu du DSM depuis plus de 40 ans mais visiblement pas des écrans… 
Et bim dès les premières scènes du film, un sentiment de malaisance m’envahit… Agnès Jaoui alias Judith surjoue une bipolaire en phase maniaque qui vient de s’évader de sa clinique psychiatrique… Mais je m’accroche, car j’ai envie d’y croire. Je me surprends à lui chercher des circonstances atténuantes : peut-être est-ce lié au combo explosif de mère juive excessive qu’elle doit également incarner pour ce rôle ?
Et puis non, finalement sans surprise, le couperet tombe : on parlera donc ici encore une fois de la bipolarité typique et caricaturale de l’adulte. 

Pierre, 33 ans, est fleuriste et voit ressurgir dans sa vie sa mère Judith qu’il n’a pas vu depuis qu’elle est internée dans une clinique psychiatrique pour ses troubles bipolaires, il y a 2 ans.

La relation mère-fils est brisée depuis longtemps. A travers les non-dits, on devine un passif lourd et un amour qui s’est étiolé à force de crises à répétition.  Pierre n’a donc qu’une hâte : ramener sa mère à la clinique au plus vite pour reprendre le cours de sa vie. 

La seule chose qui semble encore les lier, et que Judith a transmise à son fils, est leur passion commune pour les fleurs.

Le scénario lui aussi très attendu n’hésite pas à utiliser des métaphores plus que grossières : 

Judith est hospitalisée dans une clinique au nom pour le moins évocateur pour prendre en charge ceux qui touchent le fond : « Les Rivages » … Les fleurs, tour à tour fanées ou fraîches, permettent d’illustrer les différentes émotions traversées par Judith. Pour l’instabilité, le choix s’est porté sur une girouette filmée lors d’un plan prolongé…

Mais le plus gênant n’est pas la représentation typique de la bipolarité car cette forme même si elle n’est pas la plus courante existe bel et bien et, avouons-le, c’est de loin la plus cinématographique mais le portrait qui est brossé de la personne atteinte de troubles bipolaires. Agnès Jaoui incarne ici une femme très enfantine voire naïve pour ne pas dire carrément simplette et surtout infantilisée et privée de liberté. Elle semble alors être condamnée (à perpétuité ?) à être internée dans une clinique psychiatrique assommée de médicaments pour y faire des scoubidous à longueur de journée. Le tout entourée d’autres « fous » de son espèce et sans pouvoir ouvrir la fenêtre…

Perspectives peu réjouissantes avouons-le et à mille lieux des campagnes de déstigmatisation actuelles sur la bipolarité et de la réalité de la maladie. 

Cependant le fait que Judith n’ait pas de filtre lui permet d’oser et d’exprimer sans pudeur ses émotions. Cela contribue grandement à rendre son personnage touchant et attachant et finalement plus ancré dans la réalité qu’il n’y parait. Le barman soulignera la chance de Pierre d’avoir une mère qui est « une vraie gentille », paradoxe que les aidants ont tendance à oublier tant ils sont malmenés aussi par les montagnes russes de la maladie.   

On regrette alors d’autant plus de la voir se faner dans une clinique… 

Ce film illustre néanmoins bien le déni de l’entourage confronté à la bipolarité d’un proche. L’entretien de Pierre avec la psychiatre de sa mère représente un tournant décisif dans le film. Celle-ci explique à Pierre qu’avec son soutien sa mère peut aller beaucoup mieux. C’est à ce moment-là que Pierre -qui nesemble pas faire beaucoup d’efforts depuis le début du film- baisse la garde et nous réconcilie avec son personnage magnifiquement interprété par William Lebghil. Si Pierre est sur la défensive, c’est qu’il est avant tout un homme traumatisé par les épreuves traversées avec sa mère et terrorisé à l’idée de développer la maladie à son tour.

Ce passage met alors le doigt sur un point important : le rôle essentiel de l’entourage dans le rétablissement du malade et la nécessité de se faire accompagner pour y parvenir. Au-delà de la simple obsession de la prise des médicaments, on peut apprendre à mieux comprendre son proche et l’encourager à devenir acteur de sa maladie afin qu’il puisse lui aussi reprendre le cours de sa vie. 

Le bouquet final est prévisible et Julien Carpentier signe donc ici une très bonne comédie à l’eau de rose servie par une excellente distribution mais certainement pas un film sur la bipolarité.

Pour une éducation réaliste

Depuis quelques mois une polémique gonfle et agite la toile : 
la psychologue Caroline Goldman pourfend l’éducation positive et prône la méthode du «time-out». 
De nombreux médias lui ont offert une tribune de choix, il n’en fallait pas plus pour relancer le débat ! 
En psychologie et depuis tout temps, différents courants s’opposent. 
Quel style éducatif adopter ?  
Est-ce le même pour tous les enfants ? Pour toutes les familles ? 
Existerait-il un style universel ? 
Et les parents dans tout ça ?

 

Caroline Goldman pointe du doigt ces dernières années les diagnostics abusifs de bipolarité, TDAH, TOP ou encore les troubles qu’elle qualifie d’imaginaires comme le HPI (Haut Potentiel Intélectuel) ou l’hypersensibilité. La faute, selon elle, à l’éducation positive aussi appelée éducation bienveillante qui laisse les parents en plein désarroi face à leurs progénitures. Ainsi les parents ne sauraient plus fixer de limites éducatives.

A côté de cela l’éducation positive, après un battage médiatique d’envergure, n’est aujourd’hui réduite souvent qu’à des injonctions vidées de leur sens dont les parents peinent à s’emparer quand ils n’en tirent pas un sentiment de culpabilité ! Sans parler de l’hypersensibilité et du HPI (Haut Potentiel Intellectuel) ou encore du HPE (Haut Potentiel Emotionnel) présentés comme des «super-pouvoirs» dans un monde inadapté par les chantres du développement personnel. Rien de mieux pour déculpabiliser quand finalement le problème «c’est les autres» !

Même au sein des associations qui traitent des troubles du comportement chez l’enfant, les avis divergent. Certains n’hésitent pas même à en faire un business juteux. De nombreux livres, stages, conférences, séances de coaching fleurissent sur le sujet pour venir en aide à tous ces parents en perdition…

Enfin rappelons que le Sénat a adopté le 2 juillet 2019 la «loi anti-fessée» relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires.

Dans ce contexte, difficile donc pour les parents de s’y retrouver parmi toutes ces informations multiples et souvent contradictoires. Comment éduquer ses enfants, quand les parents sont eux-mêmes infantilisés ? Comment garder confiance en ses capacités de parent quand vous avez l’impression de faire mal quelle que soit la méthode adoptée ?

Alors les parents du XXIème siècle seraient-ils vraiment de moins bons parents ? Les parents d’aujourd’hui rendraient-ils leurs enfants dysfonctionnels ?  Le «c’était mieux avant» est-il vraiment d’actualité ? Comment démêler le vrai du faux ? C’est ce qu’on vous propose de faire ici pour vous aider à y voir plus clair. 

 
Un peu d’histoire…

Le terme d’éducation positive apparaît pour la première fois à la fin des années 90 du courant de psychologie positive, lancé en 1998.

En 2006, le conseil de l’Europe a défini la parentalité positive de la façon suivante :

“Comportement parental fondé sur l’intérêt supérieur de l’enfant qui vise à l’élever et à le responsabiliser, qui est non violent et lui fournit reconnaissance et assistance, en établissant un ensemble de repères favorisant son plein développement.”

Malgré ce qu’en disent ses détracteurs, l’éducation positive n’est donc pas synonyme de laxisme qui consisterait à céder à tous les caprices de son enfant sans jamais poser de limites.

Au contraire, l’objectif majeur de l’éducation positive est de concilier bienveillance et fermeté pour permettre à l’enfant de devenir plus tard un adulte responsable, épanoui et autonome.  
Elle proscrit le recours à la violence éducative ordinaire et est basée sur le respect des besoins de l’enfant.
Ainsi elle favorise la réparation à la punition. La peur et l’humiliation sont bannies au profit de la responsabilisation. Elle n’instaure pas de rapport de force dominant/dominé mais un rapport de confiance gagnant/gagnant.

Concernant les troubles du neurodéveloppement de l’enfant et les troubles psychiques, les progrès scientifiques de ces dernières années nous ont permis probablement de rattraper le retard de diagnostic. Cela explique donc que nous en parlions plus, tout simplement parce que ces troubles sont aujourd’hui mieux connus et reconnus et donc mieux identifiés même s’il reste encore beaucoup de travail… 

Pour revenir sur la loi Anti-fessée. Considérant que la violence n’est pas un mode d’éducation, la loi prévoit que les titulaires de l’autorité parentale doivent l’exercer sans violence et ne doivent pas utiliser la violence physique (fessées, etc.), verbale ou psychologique, les châtiments et l’humiliation à l’encontre de l’enfant.

Rappelons que le HPI, le HPE ou bien encore l’hypersensibilité ne sont pas des troubles. On ne peut pas attribuer des crises de colère explosives à ces particularités qui ne doivent entrainer que des avantages. S’il y a des répercussions négatives dans la vie de tous les jours de l’enfant dans plusieurs sphères (école, amis, famille) et qui perdurent dans le temps alors on doit rechercher un trouble associé qui pourra mieux les expliquer.

Notons également que les neurosciences nous ont permis de mieux comprendre le développement du cerveau de l’enfant et qu’avant l’âge de 6 ans le cerveau est trop immature pour que l’enfant puisse faire un caprice. On sait également que lorsqu’un enfant est en crise, la partie de son cerveau qui pense, raisonne n’est plus accessible. Il est donc inutile d’éduquer, de raisonner l’enfant à ce moment-là. Mais il sera utile d’en reparler avec lui à froid plus tard.

Et qu’en est-il nous direz-vous de cette méthode du «time out» ? Elle consiste à isoler l’enfant dans sa chambre le temps du retour au calme. Caroline Goldman a une interprétation tout à fait personnelle de cette méthode qu’elle préconise dès 10 mois ! Selon cette psychologue, elle permet de fixer des limites à son enfant et de lui apprendre la frustration. Ce temps est évolutif en fonction de l’âge de l’enfant et de la bêtise qui est punie.  Rappelons que ces recommandations sont supposées s’appliquer pour des enfants exempts de troubles. 

 

Il est vrai qu’il peut parfois être indispensable quand l’enfant dépasse les limites (en particulier quand la violence s’invite) de cesser au maximum les interactions pour ne pas provoquer d’escalade de la violence. Sans pour autant l’ignorer et ne pas être disponible s’il en exprimait le besoin. C’est une façon aussi de sortir l’enfant de sa zone de confort, cette zone où il se permet d’être avec ses parents ce qu’il ne ferait pas avec les autres car il est assuré de leur amour inconditionnel. 

Chez Bicycle nous le préconisons mais dans un cadre très précis et avec davantage de nuances car il faut bien l’avouer dans la «réalité» il est très difficile de mettre un enfant dans sa chambre sous la contrainte ou dans quelque lieu que ce soit quand sa force est décuplée par la colère. Et ne parlons pas de l’adolescence où votre ado fera très rapidement plus d’une tête que vous ! Quel parent n’a pas vécu cette situation de l’enfant incapable de rester au coin ou encore de l’enfant qui s’accroche à votre jambe jusque dans les toilettes ? Et pensez-vous que si lors d’un conflit avec votre patron, il vous renvoyait dans votre bureau cela permettrait de résoudre le problème et que cela vous encouragerait à faire mieux la prochaine fois ?

L’idée n’est pas d’imposer son autorité. C’est avant tout l’enfant que nous impliquons pour qu’il devienne acteur de son trouble et reprenne le contrôle par notre intermédiaire à un moment où il en est incapable. C’est donc avec lui que nous réfléchissons ensemble en amont à une solution en cas de crise. Cela peut être s’isoler dans sa chambre si c’est son choix mais aussi sortir dehors, faire du sport, taper dans un sac de frappe ou dans un coussin dédié, dessiner, … C’est ensuite aux parents d’appliquer ces recommandations validées par le parent lui-même de façon systématique même si l’enfant s’y oppose au moment de la crise. C’est dans la persévérance que réside la réussite de cette idée. 

Quand les enfants deviennent plus âgés, il peut être intéressant pour le parent de s’isoler lui-même en s’assurant qu’il n’y a pas de mise en danger pour l’enfant.

 

Ceci étant posé, il est donc très difficile et pas souhaitable de faire des généralités et d’attribuer une case à chaque enfant.

De la même façon que ce serait un raccourci grossier d’associer tous les troubles du comportement de l’enfant à des diagnostics médicaux (TDAH, TOP ou bipo, …), il en serait de même de faire un amalgame entre éducation positive et enfant roi ou enfant tyran.

Pour éviter cet écueil, il faudrait commencer à admettre que la maltraitance parentale existe mais également que les problèmes de comportement chez l’enfant peuvent aussi ne résulter d’aucune carence éducative et affective. 

Une chose est sûre, quand on pense détenir la vérité absolue, on ne peut pas aider les parents car on va inévitablement être dans le jugement. De plus sous couvert de bon sens, la pensée dogmatique n’est jamais très loin.

 

Mais alors comment faire nous diriez-vous ?


En effet, c’est néanmoins important que les parents puissent accéder à des solutions quand ils sont confrontés à des difficultés avec leurs enfants mais ces «modes d’emploi» ou «méthodes» présentés comme universels donnent une vision très réductrice de nos enfants. Leur cas est peu plus complexe qu’un simple micro-ondes ou qu’une tondeuse à gazon !  Nos enfants ne sont pas des machines qu’on pourrait reprogrammer avec la bonne notice ! C’est totalement occulter le volet émotionnel, celui qui fait si souvent dire à nos enfants «mais de toute façon tu comprends rien !!!»

Et si plus que de procédures les parents avaient besoin d’apprendre à parler la même langue que leurs enfants ? Celle par exemple qui fait entrevoir la tristesse ou la peur derrière une colère. Celle qui nous permet tout simplement de nous comprendre et de continuer à nous aimer quelles que soient nos actions et nos idées aussi différentes ou divergentes puissent-elles être.

 

Si chacun reste sur ses positions sans s’ouvrir à l’autre le débat restera donc stérile.

Partons du principe que ce sont les parents qui connaissent le mieux leurs enfants et cette connaissance sera utile au thérapeute pour trouver des solutions adaptées et personnalisées pour aider les parents et par conséquence l’enfant. 

Gardons en tête qu’il n’existe pas de «recette miracle» ni d’éducation «idéale» mais préconisons une éducation «réaliste» qui tient compte des capacités et des besoins de chacun qui pourra peut-être être encouragée qui sait par une thérapie positive et bienveillante !

Collage : Coralie Morin ©

C’est pas moi, c’est l’antidépresseur !

Visuel d'un ado généré par Midjourney pour Association Bicycle

Oui on en est là aujourd’hui : au stade cours de récréation ! A accuser des cachets dans une boîte jusqu’à en occulter totalement les prescripteurs et sans s’interroger sur les méthodes de commercialisation qui se cachent derrière les produits de santé !

C’est simple, en général c’est la faute soit du « fou » soit du médicament rarement celle du « sachant » protégé par son sérail…
Voilà donc les ficelles d’un fiasco annoncé ou comment avoir bonne conscience quand on est persuadé de détenir la vérité absolue ! 

À la suite du suicide d’un adolescent de 16 ans et d’un jeune de 20 ans, les antidépresseurs sont dans le collimateur de la justice titre cet article de France Info : 

ENQUETE. Les antidépresseurs dans le collimateur de la justice après le suicide d’un adolescent (francetvinfo.fr)

L’article met l’accent sur le danger des antidépresseurs de plus en plus prescrits en particulier chez les jeunes et qui seraient directement responsables de plus en plus de passages à l’acte suicidaire. 
 Comme l’avait été, il y a quelques mois,  le rapport du Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Age (qui est d’ailleurs cité dans l’article),  nous jugeons cet article alarmiste et mal renseigné. En effet,  il ne permet pas de comprendre les tenants et aboutissants de la prescription des antidépresseurs chez les jeunes et encore moins leurs conséquences.
Rappelons que les médicaments chez les jeunes ne sont pas trop prescrits  mais sont beaucoup trop mal prescrits, nuance ! Ainsi aujourd’hui quels que soient les troubles du comportement rapportés, les enfants sont traités avec les mêmes médicaments. Le plus souvent ils « tassent » mais parfois  ils font « flamber » les symptômes.

Ainsi dans cet article à aucun moment n’est évoquée la possibilité d’un virage maniaque sous antidépresseur qui est pourtant un effet connu et courant de l’antidépresseur prescrit seul sans protection par un thymorégulateur sur une personne souffrant de troubles bipolaires. Le risque suicidaire est alors particulièrement majoré. 
En général, cet effet de l’antidépresseur suffit même à poser un diagnostic de troubles bipolaires.
Les pédopsychiatres Thierry Delcourt, Mario Speranza ou encore Bruno Falissard  qui réagissent au suicide de l’adolescent de 16 ans se bornent à ce constat : la prise d’antidépresseur chez les jeunes majore le risque suicidaire.
Alors même que les parents rapportent des éléments qui évoquent une élévation de l’humeur manifeste : « Il n’avait plus aucune limite. Il s’est mis à jouer à des jeux d’argent. Tout est parti dans les jeux de foot. Il arrivait à nous faire peur. Il se fâchait contre nous. Tout d’un coup, il faisait une crise, déchirait un poster, cassait des trucs dans la maison, son téléphone par exemple. Il rigolait. Il faisait des plans pour le week-end avec ses copains. »

Comme le rappelle le CTAH (Centre des Troubles Anxieux et de l’Humeur) sur son site dans un dossier consacré à la dépression bipolaire (https://ctah.eu/dossier-depression-bipolaire.php?r=1212) :

« On oublie souvent de rappeler que la dépression est la manifestation clinique la plus dominante dans les troubles bipolaires et de ce fait la plus handicapante. »

De plus d’après de nombreuses études près de la moitié des personnes dépressives seraient en réalité bipolaires. Le véritable défi pour les experts est donc de différencier la dépression bipolaire et la dépression unipolaire. 
Et de préciser que « Le clinicien doit rester vigilant quand il décide de prescrire un antidépresseur pour soigner une dépression ; mais avant de prescrire, il y a une nécessité de dépister systématiquement les indices de bipolarité (hypomanie, cyclothymie, histoire familiale de bipolarité…) et d’examiner de près la nature de l’épisode dépressif (chercher la mixité de l’épisode dépressif). »
Quand un enfant ou un adolescent fait une dépression il a 50% de risque de présenter de ce fait une bipolarité juvénile.

La HAS (Haute Autorité de Santé) le  mentionne également dans ses préconisations sur son site :

« Devant tout épisode dépressif, il est recommandé de rechercher des arguments en faveur d’un trouble bipolaire. Il est important de différencier les troubles bipolaires d’un épisode dépressif caractérisé isolé ou récurrent car le traitement et la prise en charge ne sont pas les mêmes. »

En clair pour une dépression unipolaire on utilisera effectivement un antidépresseur mais pour une dépression bipolaire c’est plutôt un thymorégulateur qui sera le traitement de référence auquel on pourra éventuellement ajouter un antidépresseur car le thymorégulateur viendra protéger le patient d’un éventuel virage de l’humeur qui pourrait être induit par l’antidépresseur.
Rappelons aussi qu’en cas de troubles psychiques, un travail thérapeutique doit toujours être proposé en première intention en particulier chez les enfants et même quand la médication est nécessaire, il doit être maintenu en parallèle.
Une partie est plus spécialement dédiée aux adolescents où il est mentionné que :

« Les adolescents souffrant d’un épisode dépressif et présentant un antécédent familial de trouble bipolaire requièrent une surveillance accrue. »

Pourquoi ? 

Parce que la bipolarité même si elle n’est pas héréditaire présente une forte vulnérabilité génétique. Concrètement cela signifie que l’enfant sera plus à risque de développer un trouble bipolaire et qu’un épisode dépressif devra être surveillé de près pour éviter justement des prescriptions non adaptées qui pourraient mettre sa vie en danger comme expliqué  plus haut.
Or dans 90% des cas qui nous sont rapportés à l’association, l’histoire familiale n’est jamais explorée, pire elle est balayée d’un revers de main par les professionnels de santé quand elle est évoquée par les parents. Du fait du retard de diagnostic de ce trouble et de sa méconnaissance, nous conseillons d’élargir la question sur les antécédents familiaux à la dépression, les addictions, les tentatives de suicide et aux personnes originales ou marginales.
Enfin la HAS précise même la nature des symptômes dépressifs chez les jeunes  « Le tableau clinique de l’épisode dépressif à l’adolescence est proche de celui de l’adulte avec quelques particularités : l’irritabilité, l’agressivité, un trouble des conduites, des plaintes somatiques peuvent être au premier plan ».
En effet chez l’enfant comme chez les adolescents, le fait que le cerveau soit en développement n’empêche pas la survenue d’un trouble psychique mais en modifie son expression. Pour cette raison les critères diagnostiques de l’adulte ne s’appliquent pas chez les jeunes ou doivent à minima être adaptés.

L’extrait du rapport d’expertise de l’assistance publique des hôpitaux de Marseille en date du 16 octobre 2023 précise que l’antidépresseur en question, le Deroxat,  comporte un risque accru de desinhibition et de passages à l’acte suicidaire et que ce risque suicidaire doublerait chez les moins de 25 ans.
C’est justement dans cette tranche d’âge que la bipolarité est encore moins investiguée du fait de la controverse qui existe encore aujourd’hui sur le diagnostic précoce.
Il est intéressant de constater que les enfants suicidaires ont été sortis de l’étude avec la mention « labilité émotionnelle ». La labilité émotionnelle correspondant à une série de changements d’humeur avec une instabilité émotionnelle importante.

Le psychiatre et lanceur d’alerte sur les effets indésirables graves des antidépresseurs, David Healy, souligne néanmoins à propos du jeune de 20 ans  « à chaque fois que le psychiatre de Romain a augmenté sa dose d’antidépresseur, son état s’est aggravé. Jusqu’à ce qu’il se tue. Il est donc inconcevable que ce ne soit pas le médicament à l’origine du problème »
Cette remarque est intéressante car à l’association quand un enfant se voit prescrire un antidépresseur et que les parents soupçonnent une bipolarité juvénile ou qu’elle est confirmée par la suite, on observe 3 réactions différentes :

 
– l’antidépresseur n’a aucun effet
ou
– l’antidépresseur a un effet rapide (qui annonce un virage maniaque)
ou
– l’antidépresseur a un effet positif suivi par un épuisement de cet effet dans le temps


Dans ce dernier cas au lieu d’analyser la situation l’antidépresseur est souvent augmenté par le médecin utilisant l’argument qu’il a fonctionné précédemment. Ce qui conduit très souvent alors à la situation décrite par le Dr David Healy c’est-à-dire une aggravation des symptômes avec mise en danger.
Encore une fois , ici, on se limite à une observation, l’éventualité d’une erreur diagnostic n’est même pas évoquée…

L’article préfère s’attarder à faire du sensationnel pour les non-initiés : le médicament a été prescrit hors AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) !  La belle affaire !  La prescription hors AMM en pédopsychiatrie est très courante, c’est même souvent la règle, la France s’acharnant à ne pas reconnaitre l’existence de troubles psychiques chez les moins de 15 ans et 3 mois…

Cela n’est pas sans rappeler ces dernières années le scandale de la Depakine. Ne prend-t-on pas le problème à l’envers ? 


Et si le vrai problème n’était pas le médicament en lui-même mais l’usage qui en est fait ?


Le médicament n’étant finalement qu’un simple outil dans la mallette des soignants et pas une fin en soi.

Ne serait-ce pas aux troubles psychiques plutôt qu’aux médicaments de bénéficier d’une meilleure information aussi bien auprès des professionnels de la santé que du grand public ?
Dans cette équation complexe, n’oublions pas le lobbying pharmaceutique qui a largement sa part de responsabilité en incitant parfois massivement à la prescription de molécules qui ne sont pas toujours nécessaires. Vous pouvez d’ailleurs consulter tous les conflits d’intérêt des médecins qui doivent obligatoirement être déclarés sur cette page : Accueil — Transparence Santé (sante.gouv.fr)

Quand on voit des enfants dont certains professionnels affirment qu’ils ne sont pas malades et qui se voient malgré tout prescrire des cocktails de médicaments cela a de quoi interroger…

 
Pour illustrer notre propos nous vous partageons le message reçu ce jour d’une maman d’un petit garçon âgé de 10 ans :

« Voici ce que mon fils a essayé depuis l’âge de ses 5 ans :


– Risperdal
– Ritaline
– Abilify
– Strattera
– Quetiapine
– Tercian
– Neuleptil
– Nozinan
– Concerta
– Quetiapine
– Aripiprazole
– Solian
– Sertraline

 
Antécédents familiaux : 
 

– le grand père maternel a toujours été sujet à la dépression, à l’impulsivité (insultes faciles, achats de voitures de luxe sur un coup de tête, alcoolisme. )
– l’arrière grand mère maternelle sujette à la dépression
– l’arrière arrière grand mère connue pour son alcoolisme et sa « méchanceté »
– l’arrière grand père paternel avait une sœur qui a fait plusieurs tentatives de suicide et qui est persuadée d’appartenir à une famille princière


et les diagnostics :


– 4 ans : anxiété sociale
– 5 ans : troubles de l’attachement
– 5 ans et demi : dépression
– 6 ans : TSA type asperger + TDAH
– 9 ans : les psychiatres émettent l’idée d’un Syndrome de Gilles de La Tourette en plus, certains évoquent des troubles psychotiques de type paranoïaque.

– 10 ans dans quelques jours : évocation par la famille d’une BPJ et bon accueil de l’équipe médicale… »

Plutôt que de s’efforcer à trouver des fautifs, si chacun prenait ses responsabilités et que nous cherchions ensemble des solutions pour que nos enfants restent tout simplement vivants et en bonne santé ?

____________

©Image d'illustration générée par MidJourney pour Association Bicycle

Bicycle coup de coeur cinéma : Le livre des solutions

C’est probablement le film le plus autobiographique de Michel Gondry inspiré de son expérience personnelle lors du tournage de l’adaptation du livre de Boris Vian « L’écume des jours » où sa bipolarité a été diagnostiquée peu de temps après. Le réalisateur le confesse lui-même : le personnage de Marc le représente à 70% !
 
En effet, on suit le parcours de Marc Becker (Pierre Niney), souffrant visiblement de troubles bipolaires et en pleine phase maniaque, qui essaie par tous les moyens de finir la réalisation de son film comme il l’entend alors qu’il vient d’être retoqué par « les cravates » et abandonné par son producteur.
Marc se sent trahi et le vit évidemment très mal. Il décide alors de mettre en place le « plan B » et s’enfuit chez sa tante Denise (Françoise Lebrun) au fin fond des Cévennes avec une partie de son équipe.
Il y a sa monteuse Charlotte (Blanche Gardin) d’une patience sans faille qui finit par céder à sa demande incessante et à monter le film à l’envers, sa dévouée directrice de production Sylvia (Frankie Wallach) qui n’hésite jamais à se lever la nuit pour répondre à toutes ses exigences même les plus farfelues et Carlos (Mourad Boudaoud),  assistant monteur mais surtout homme à tout faire à la fois preneur de son et mécanicien du « camiontage ». 
Marc décide alors d’arrêter ses médicaments car il confie à sa tante qu’il se sent « triste le matin et manipulé l’après-midi » et qu’il a désormais un million d’idées !
En parallèle, Marc se lance dans l’écriture du « Livre des Solutions », un guide de conseils pratiques pour se motiver et dépasser tous les obstacles.
Pierre Niney  incarne à la perfection « cet attachiant » déjanté rongé par sa créativité et ses angoisses qui est capable dans la même journée d’être à la fois drôle, émouvant, épuisant mais aussi inquiétant quand il devient menaçant avec ses collaborateurs.
Ce qui lui vaudra d’ailleurs de passer son temps à s’excuser puis… à recommencer malgré lui. 
Au-delà de l’aspect invivable voire inadapté du personnage, il faut souligner l’exploit qu’accompli Marc en parvenant à diriger un orchestre pour la bande originale de son film alors même qu’il n’a pas la moindre notion musicale ou bien encore lorsqu’il réussit à convaincre un artiste de renom d’y participer. Ce film montre aussi que les personnes souffrant de troubles bipolaires sont aussi capables de soulever des montagnes quand elles ont une idée en tête. Elles sont ambitieuses, osent et n’ont peur de rien, des qualités et personnalités dont le monde a probablement besoin pour le faire avancer.
 
Vous vous retrouverez sûrement dans le personnage de Denise qui nous rappelle l’importance de l’entourage dans cette maladie. En effet Denise ne juge pas et est toujours là pour accompagner, rassurer et canaliser son impétueux neveux. Denise veille et tempère tout en douceur Marc pour le préserver de tous ses excès tel son phare dans la tempête. C’est cet amour inconditionnel qui permettra à Marc de conserver un minimum d’équilibre et de se reprendre dans de nombreuses situations.
 
Vous l’aurez compris tous les ingrédients sont donc réunis pour faire de ce film, un film tendre, absurde mais aussi poignant d’où on ressort dérouté. Et malgré le chaos ambiant Michel Gondry réussit le tour de force de nous capter à sa manière si particulière sans jamais nous perdre.
 

Certains pourraient y voir un film caricatural sur la bipolarité, pour nous proches aidants il s’agit plutôt d’un concentré de réalité qui nous permet de prendre du recul sur notre quotidien parfois un peu compliqué pour ne pas oublier les immenses qualités de nos cyclokids et tous les talents dont ils sont capables ! Un film qui devrait être remboursé par la sécurité sociale à aller voir d’urgence !

https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=297560.html