La cyclothymie en quelques chiffres

La cyclothymie fait partie de la bipolarité.
Le cerveau cyclothymique régule mal les humeurs : il oscille en permanence entre dépression et hypomanie (phase d’excitation, d’accélération du cerveau). Il peut basculer d’un état à l’autre plusieurs fois par jour.

La cyclothymie c’est la maladie des excès.
L’enfant suréagit au moindre stimuli. Ses émotions sont vives, ses comportements explosifs. Il a sans cesse des fluctuations d’énergie.

Un enfant nait cyclothymique.
Cela peut débuter vers 5, 6 ans, parfois même plus tôt. En fin d’adolescence, le trouble de l’humeur prend sa forme définitive : maniaco-dépression, bipolarité, cyclothymie…

  • Elle concerne 4 % des enfants : c’est à dire plus de 450 000 enfants en France,
    soit une moyenne de 1 à 2 élèves par classe.
  • Selon l’OMS, c’est la 6ième pathologie la plus couteuse et invalidante.
  • Elle provoque 20% des suicides. 44% de ces enfants feront une tentative de suicide dans leur vie.
  • Elle désocialise la famille et déscolarise l’enfant.
  • Dans plus de 50% des cas elle est associée à : hyperactivité, TOC, phobies, addictions, Troubles du Comportement Alimentaire (TCA), maladie cardio-vasculaire, problèmes thyroïdiens, diabète…
  • Il faut 6 à 10 ans pour obtenir un diagnostic.
  • Taux de mortalité 2 à 3 fois plus élevé.
  • Risque suicidaire majeur : 15% à 20% des sujets non-traités – 44% d’entre-eux feront une TS
  • Abus de substances et addictions de 60%
  • Comorbidité importante : TOC, anxiété, phobies, accident cardio-vasculaire, diabète….
    98% des cyclothymiques ont une comorbidité quand l’age de début est jeune (avant 13 ans)
  • Hospitalisations pour dépression ou crise maniaque.
  • Risques judiciaires
  • Risques professionnel liés à l’instabilité de la personne ( licenciement, créations stériles d’entreprises) : 50%
    Scolarité entravée sérieusement, due a une mauvaise mémorisation
  • Risques familiaux et sociaux (divorces, ruptures amicales, mise en danger de soi et d’autrui lié à l’impulsivité et à la manie)

Changer le pronostic :
Plus la maladie est prise tôt, moins elle va imprimer des sillons durables dans le cerveau, meilleure sera la réponse aux médicaments stabilisateurs.

Dès l’enfance on peut apprendre bien plus facilement les bons réflexes face aux humeurs : hygiène de vie, comportements gagnants….
Martin, 14 ans :  » La bipolarité on ne peut même pas en profiter, sinon on le paye. »

Ne voir la bipolarité que sous le prisme du handicap serait érroné.
En effet, stabilisée, la personne vit parfaitement normalement.

De plus, la bipolarité s’accompagne de potentiels élevés comme l’empathie, la créativité, le leadership, l’intelligence, la sensibilité, qui maitrisés permettent de réaliser de grands projets pour de grandes destinées.

On compte parmis les bipolaires célèbres : Churchill, Napoléon, Marilyn Monroe, Hemingway….

LES CRISES

Les familles affrontent des crises récurrentes, de plus en plus fortes et sur lesquelles l’éducation n’a que très peu de prise. Ces crises sont la plupart du temps liées aux émotions qui débordent, à l’incapacité de l’enfant à les gérer, surtout les frustrations. C’est une incapacité physiologique.

DES RAPPORTS HOULEUX :

L’enfant cyclothymique est explosif. On ne sait jamais si ça va ou si ça ne va pas. Si la journée va bien se terminer. L’enfant petit à petit devient ingérable, il se bagarre sans cesse, s’oppose, prend des risques…

ISOLEMENT DES FAMILLES :

Les familles finissent par s’isoler. Certaines n’osent plus aller faire des activités avec leurs enfants par peur de la crise. Bien souvent les amis s’éloignent, et parfois même la famille.

CULPABILITE :

La famille vit sous le joug de la culpabilité : culpabilité d’être un mauvais parent, un mauvais enfant.
Culpabilité face à la «folie» et les tabous qu’elle engendre. La société entière se charge de les
stigmatiser : les proches, l’école, les médecins, les institutions ….

La cyclothymie ce n’est pas un problème d’éducation, ni un problème de personnalité, mais bien un problème chimique du cerveau.

Nos enfants ne sont pas fous, ils ont un organe qui dysfonctionne :
Comme un diabétique dont le corps ne régule pas les sucres, leur cerveau ne régule pas leurs humeurs.

Voir fiche : Impact de la cyclothymie sur la famille

Pourquoi est-on cyclothymique, bipolaire ?

La cyclothymie, c’est avant tout un tempérament. On naît cyclothymique. Cela veut dire que notre biologie de base est sensible aux émotions et au stress, que nos humeurs sont instables. Mais ce qui va faire que l’on développe un trouble, et d’une manière générale un malaise psychologique, est multi déterminé :

La biologie, c’est le cerveau qui est sensible au stress, qui va mal gérer les émotions…
Cette sensibilité a très souvent une histoire familiale.
Quand on retrace l’arbre généalogique d’une personne cyclothymique… On découvre plusieurs personnes étant affectées par des problèmes d’humeur : cyclothymie, bipolarité, dépression… suicide, « original », « lunatique », « un peu fada »….
On obtient ainsi des familles sujettes à l’anxiété ou aux dépressions, comme certaines familles vont avoir des problèmes de diabète.

La présence d’un trouble de l’humeur dans l’histoire familiale est un des critères fortement pris en compte pour diagnostiquer une personne. La fréquence d’une cyclothymie infantile est de 78% quand les parents ont eux même un trouble de l’humeur contre 24% lorsque les parents n’en présentent pas.

interaction entre pensee, biologie et environnement
interaction entre pensée, biologie et environnement

Les recherches récentes sur la plasticité du cerveau nous montrent que la seule pensée est capable de changer cette plasticité. Les personnes très émotionnelles développeraient plus de liens neuronaux.

La pensée agit sur le cerveau :
Elle créer des connexions. La mémoire garde certains chemins empruntés par la pensée.

Le cerveau agit sur la pensée :
La mémoire d’un stress (anxiété, peur…) va se réveiller plus facilement, si l’individu rencontre une situation analogue à ce qui a provoqué le premier stress. Cette mémoire peut distordre la pensée en déclenchant des sensations, des émotions trop importantes par rapport à la réalité d’une situation.

De la pensée découle un comportement qui sera adapté ou non en fonction de la distorsion entre pensée et réalité. Cette interaction peut dégénérer en envoyant des signaux intempestifs parfois même sans cause réelle. De ces mécanismes peuvent découler une anxiété, une angoisse, un TOC, une phobie…

L’environnement, c’est les relations aux autres, un lieu, un événement… Plus la personne traverse des épreuves dans la vie, plus certains chemins restent ancrés dans le cerveau. Sur un terrain biologique qui régule mal le stress et les émotions, l’environnement est source de beaucoup de mal-être.

L’environnement génère une pensée qui agit sur le cerveau, qui génère des pensée distordues, qui provoquent des comportements dysfonctionnels, qui eux perturbent l’environnement.

Idéalement il faudrait agir sur les 3 pour être serein et vivre de manière stable. Mais il est généralement difficile d’agir sur l’environnement, surtout quand c’est une personne.

 – EN SAVOIR PLUS –

Chez un enfant une phase dure peu et les phases successives peuvent s’enchaîner en quelques heures. C’est la récurence des problèmes, l’histoire familiale avec présence de trouble de l’humeur, qui doivent mettre la puce à l’oreille pour poser un diagnostic.

– LIENS –

Forums et sites sur la cyclothymie et la bipolarité

CTAH
TROUBLES-BIPOLAIRES
ARGOS2001
LE FORUM DES BIPOTES
BIPOLAIRE-INFO

– BIBLIOGRAPHIE –

« Cyclothymie – Troubles bipolaires des enfants et adolescents au quotidien »
Dr Elie Hantouche et Barbara Houyvet – Ed J LYON

« Vivre avec avec un maniaco-depressif »
Dr Christian Gay – Ed Hachette Littérature

« SOIGNER SA CYCLOTHYMIE – Sept clés pour retrouver le contrôle de soi. »
De Elie Hantouche – Vincent Trybou – Ed Odile Jacob

« J’APPREND A GERER MA CYLCOTHYMIE« 
Dr Elie Hantouche – Caline Majdalanie – Régis Blain – De JLyon

« Les fous d’en face – Lecture de la folie ordinaire »
de Pierre Marie – Ed Denoël

« Clinical manual for bipolar disorders in children and adolescent.« 
R. Kowatch, M fristad, R Findling, R M Post. – American psychiatric publishing 2009

Sources :

  • www.CTAH.eu : Publication de Caline Majdalani
  • « La TCC pour les nuls » de ROB Willson et Rhena Branche – ed First Editions.
  • « Psychologie de la peur, craintes, angoisses et phobies » de Christophe André – Ed Odile Jacob.
  • « Guérir le stress l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse » de David Servan-Schreiber – Ed Pocket
  • Reportage : Les étonnants pouvoirs de transformation du cerveau – Réalisé par Mike Sheerin et Norman Doidge
  • http://lecerveau.mcgill.ca/flash/a/a_08/a_08_p/a_08_p_dep/a_08_p_dep.html
  • Intervention précoce dans les troubles bipolaires – Philippe Conus, Gregor Berger, AnastasiaTheodoridou, Roland Schneider, Daniel Umbricht, Karin Michaelis-Conus, Andor E. Simon – Forum Med Suisse 2008;8(17):316–319
  • UNIVERSITÉ SAINT-ESPRIT DE KASLIK – FACULTÉ DE PHILOSOPHIE ET DES SCIENCES HUMAINES
    DÉPARTEMENT DE PSYCHOLOGIE – L’INFLUENCE DU TROUBLE BIPOLAIRE SUR LES FACTEURS
    COGNITIFS ET AFFECTIFS CHEZ LE PATIENT ADULTE LIBANAIS- THÈSE en vue d’un Doctorat de Psychologie Préparée par Nathalie KAHALÉ RICHA Sous la direction de Madame le Professeur Souheila Salloum KASLIK – LIBAN 2009
  • « Troubles bipolaires, manie, hypomanie et dépression » Dr Elie Hantouche – MEDI-TEXT Editions
  • « Vivre avec un maniaco-depressif » Dr Christian Gay – Hachette Littérature
  • OMS : http://www.who.int/fr/
  • Ministere de la santé : psychiatrie : http://www.sante-sports.gouv.fr/sante-mentale.html
  • Coût du trouble bipolaire : revue de la littérature – R. DARDENNES, J. THUILE, C. EVEN, S. FRIEDMAN, J.-D. GUELFI
  • Epidemiologie du trouble bipolaire – Pr Rouillon – Annales Médico-Psychologiques 167 (2009) 793–795
  • Fondation- Fondamentale – http://www.fondation-fondamental.org/page_dyn.php?mytabsmenu=2&lang=FR&page_id=MDAwMDAwMDAxMg==
  • http://www.uncpsy.fr/prise-en-charge/pathologies/troubles-bipolaires
  • Kochman F, Ferrari P, Hantouche EG, et al. Les troubles bipolaires chez l’adolescent. In : Ferrari P et al
  • Troubles bipolaires Livret reservé aux médecins – Dr Kochman- Dr Meynard- Edité par Sanofi 2004
  • Steiner H. Evaluation and management of violent behavior in bipolar adolescents. Program and abstracts from the American Psychiatric Association 153rd Annual Meeting; May 13